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 LA JEUNESSE UNIVERSITAIRE FACE A LA PAIX ET LA LIBERTE. CAS DE GOMA ET BUKAVU DANS LA PROVINCES DU NORD ET SUD-KIVU EN RDC

Résumé

 Etre libre, signifie tout d’abord ne pas être empêché de faire ce que l’on veut, ou encore dire sans crainte ce que l’on pense. La liberté est conçue comme l’absence de toute contrainte étrangère. Au sens politique, elle est le pouvoir de jouir de ses droits civiques. La présente étude évoque une fois de plus le rôle de la jeunesse universitaire dans l’instauration de la liberté et la paix dans la société en général, et dans le milieu académique en particulier. Des enquêtes ont été menées auprès des étudiants  dans les universités et instituts supérieurs  de Goma et  Bukavu, afin de savoir si la liberté et la paix sont encore d’actualités dans les sites académiques, et si  les étudiants, ont-ils encore conscience de la disparité des droits fondamentaux des personnes tels que définis par la  Charte internationale des droits de l’homme. Cet article présente la synthèse du rapport mensuel (mois de juin) qui parle en long et large à ce sujet.

Les mots-clés

La liberté, la paix, jeunesse universitaire, académique, pouvoir,  RDC, et tyrannie. 

Introduction 

«  La paix est un droit inaliénable, comme la liberté d’expression et les droits à la vie et à la santé, dont les peuples de l’Afrique centrale doivent pouvoir pleinement jouir.  Et cela n’est possible qu’au sein d’États respectueux des principes démocratiques et de la bonne gouvernance ». Avait lancé M. Kofi Annan, secrétaire générale de l’ONU de l’époque. Le milieu académique congolais a connu plusieurs défis d’ordre social. Ceux liés à la liberté et à la paix s’inscrivent sur la liste actuelle de défis. Malgré les multiples incidents et fléaux qui persistent dans le secteur académique, aucune préoccupation exigeante à l’instar de la Conférence Nationale Souveraine n’a jamais pesé pour décanter la situation. D’un secteur à l’autre, les problèmes sociaux attendent des solutions  chez les universitaires. 

Le problème  de la paix et de la liberté dans la communauté devrait se décanter dans les écoles et trouver une expertise dans le milieu académique, car par ses valeurs sacrées : la liberté de penser, l’honnêteté intellectuelle, la droiture morale, l’intégrité éthique, ainsi que l’engagement à garantir un accès équitable et à répondre aux problématiques sociales, cela le place au centre de l’action sociale.  En  explorant les racines du progrès  à travers la notion de liberté individuelle, les  questions que nous nous pensons est de savoir  comment continuer à attendre l’innovation provenant du jeune universitaire, qui ne connaisse pas les notions de la  liberté, ou à qui on ne laisse pas libre d’aller au fin fond de ses ressources de réflexion ? Bien évidemment,  en RDC, les jeunes universitaires semblent ignorer les notions universelles qui mènent à la paix et la liberté. Mais  comment y arriver lorsque le musellement de  la liberté des individus, et l’arbitraire du pouvoir y sont encore d’actualité ? Quand bien même la consolidation de la paix passe par la restauration de la liberté et le respect des textes régissant la société.  Comment arriver à cet imaginaire collectif et universel du monde où règnent la paix et la liberté sans que les milieux académiques puissent participer ? 

Notre recherche comporte trois dimensions. La première s’est penchée sur le travail de terrain (les enquêtes, les entretiens et observation), dans la ville de Bukavu et Goma dont 7 universités/instituts supérieurs, avec au total 169 enquêtés. La deuxième dimension consistait à traiter et analyser les données recueillies, et la troisième dimension s’est concentré à  fouiner dans les théories existant pour faire  un lien entre nos données recueillies sur terrain et les théories existant sur notre sujet de recherche.

La liberté est  comme un passé, un présent et un avenir, même si, selon les époques et les géographies, elle connaît des sorts divers. Elle devrait être connue, et être d’actualité dans divers secteurs de la vie, car elle est le remède aux tyrannies, aux déterminants sociaux, aux maladies de l’âme comme, motrice de l’innovation et du génie humain.  Force est de constater, les universitaires à qui on croit orienter la société, la majorité entre eux ne connait pas en fond la notion de la liberté et de la paix. Sur les 169 jeunes universitaires interrogés, 105 personnes ont  répondu connaitre la liberté au sens conceptuel et littéraire (donc par définition seulement), contre seulement 64 jeunes universitaires qui connaissent les contours de la liberté (collective et individuelle, la loi et les textes sur ce sujet) et son importance dans le milieu académique.

A la question de savoir si les étudiants se sentaient libres et en paix dans leurs universités respectives, 66 étudiants disent clairement que la liberté qui est un facteur important de la paix n’est pas garantie dans leur instituions. 103 étudiants ont répondu superficiellement par : nous nous soumettons au fonctionnement de l’université. Quant à savoir si l’université fonctionne tout en garantissant la liberté ? Mais il est logique de comprendre, quelqu’un qui ne connait pas les notions de la liberté, il est loin de savoir s’il vit en liberté ou pas. Il vit seulement. La liberté individuelle est l’objectif principal à atteindre. L’aspect de la liberté comme élément constituant de la vie académique nous amène à réfléchir. L’exercice de la liberté est contraint par les points de vue,  mais doit, en tout état de cause, relever de l’individu et de sa raison et non pas de celle d’autrui. Si autrui décide à ma place, je deviens un mineur. Cela étant, une puissance extérieure des universitaires décide et fait des choses à  leur place. Ainsi, par nomination, le système politique impose aux éminents professeurs les recteurs et directeurs de gestion des institutions, à la place du choix qu’ils devraient faire parmi leurs pairs, à travers le vote. Par l’influence hémogénique que certains traduiraient comme la géostratégique, la liberté des étudiants se vit être étouffée par l’imposition des représentants aux différentes instances : CP (chef de promotion),  (délégué facultaire), PP (porte-parole des étudiants au niveau de l’institution, Représentant des étudiants au niveau provincial,  etc. Le fait de priver un individu de sa liberté d’exercer son pouvoir directement ou par délégation, menace la paix sociale et risque de dégénérer à une tyrannie sociale.

« Depuis l’époque de Mobutu, à aujourd’hui, le ministère de l’ESU est géré par des leaders politiques, soit du Parti au pouvoir ou parti politique allié au pouvoir. Les nominations dépendent depuis longtemps de ce critère politique. Ce qui fait à ce que les gestionnaires des institutions et universités publiques, surtout soient plus redevables à leurs présidents des partis politiques que les étudiants ou la science en milieux académiques. Maintenant aujourd’hui, il y a des groupes des professeurs selon les tendances politiques, religieuses, etc. Ce qui impacte négativement les valeurs de la liberté et la paix dans ce secteur ».

De cet effet, les éducateurs ou les gestionnaires sont devenus des roulons compresseurs de la liberté et la paix dans les milieux académiques, contraignant les étudiants à toutes formes de critique de leur gestion ou du pouvoir en place où ils sont censés défendre, enfin d’éviter tout ce qu’ils croiraient d’un soulèvement des étudiants contre lui et son régime politique, qui l’a nommé. Les conséquences qui en découlent c’est la lâcheté de plusieurs étudiants qui s’obligent de piétiner leurs droits à la liberté et la paix, se fixant le seul objectif de finir le cursus académique dans un environnement muselé où le silence à tous est la règle à défendre à couteau de marteau par ses autorités académiques. Certains se voient leurs sujets de recherche, de TFC (travaux de fin de cycle), ou mémoires être annulés s’ils touchent les intérêts du pouvoir ou s’ils veulent parler de la gestion de son institution. 

« En troisième année de Graduat en économie, j’avais failli être chassé pour avoir proposé un sujet des recherches sur la gestion des dépenses de mon institution. D’ailleurs, le Professeur qui devrait m’encadrer m’avait dit que je veux toucher dans l’abcès d’une plaie. En proposant mon sujet, j’étais appelé par le Doyen de la faculté me disant quelles sont mes ambitions avec ce sujet en m’obligeant de le changer. Dès lors j’étais devenu la cible des proches du comité de gestion.»

A ces deux notions : la liberté et la paix, ajoutons le développement intégral qui  nourrit toutes les dimensions humaines (corporelles, intellectuelles, psycho-affectives et relationnelles). Le développement intégral permet à l’homme de prendre conscience de ce qu’il est vraiment et de ce à quoi il aspire. Il lui permet de mettre en œuvre ses aspirations. Ainsi, il devient possible de transformer toutes les activités humaines afin de vivre en paix.  La crainte est que, l’université de notre temps n’est pas dans la logique de  faciliter le développement intégral du jeune universitaire. Cette crainte nous mène à un autre aspect de l’absence de la liberté comme élément constitutif de la vie quotidienne de la vie académique. Ainsi, les institutions de l’ESU sont le lieu de tous les rêves et de toutes les contradictions de la société. L’université est le lieu de tous les rêves car elle constitue un espace que les jeunes veulent conquérir pour acquérir le savoir et la formation, mais surtout comme une passerelle constitutive de «la lutte des places». Le lieu de toutes les contradictions de la société, l’université congolaise devient le lit où se lisent toutes les «involutions» reflétant la morbidité sociétale. La crise dont l’université congolaise souffre en devient le marqueur le plus persistant depuis plusieurs décennies.  Sur le plan discursif, le plongeon de l’université congolaise est dans les méandres du «paradoxe fonctionnement-dysfonctionnement» a conduit à l’idée de « l’improductivité des cadres et des hommes capables à résoudre les maux sociétaux ». 

Conclusion 

Rappelons que, l’enseignement supérieur et universitaire est un secteur appelé à jouer un rôle important dans la destinée d’une nation. Pour le devenir de l’homme, à ce que les jeunes puissent devenir des citoyens mondiaux, le rôle à jouer par l’université est grand. Ce rôle important procède des tâches que des institutions de ce secteur exécutent dans la production et la reproduction du savoir, la formation des ressources humaines et surtout la promotion et l’application des textes et lois régissant la vie dans la société, particulièrement la loi cadre régissant  l’enseignement et les règlements intérieurs de chaque institution, si du moins ceux-ci ne sont pas en contradiction avec les textes fondamentaux nationaux et internationaux. 

Dans un climat dans lequel les notions de la liberté et de la paix ne sont pas connues, et où les conditions dans lesquelles on peut  ravir sa liberté et conquérir la paix ne sont pas entretenues, pour les jeunes universitaires, la liberté est devenue comme une lourde charge. Quelque chose qui pèse et dont ils voudraient bien se débarrasser. David Edwards, Secrétaire général adjoint de l’Internationale de l’éducation, a noté qu’aujourd’hui « comme jamais auparavant, une profession enseignante libre doit inculquer aux étudiants les valeurs de la démocratie et les compétences d’un scepticisme sain, de la pensée critique, des méthodes scientifiques, de la compréhension de l’Histoire et les compétences médiatiques et internet ». Cela n’est cependant réalisable que par des enseignants dont les libertés académiques sont respectées, garanties et protégées par  l’Etat, à travers ses institutions publiques.  Il est temps que les jeunes universitaires puissent apprendre les notions de la liberté individuelle, dans l’objectif d’épandre cette liberté dans la communauté entière, et  jouer leur rôle comme moteur du décollage de la RDC, pour un développement durable, harmonieux et intégral.

les partenaires: The Hague Humanity Hu & Atlas Network 

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